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The darker the night, the brigter the stars.
29 juillet 2015

XIX. Death parade.

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Règle; écrire à partir d'une citation imposée. (Citation insérée en gras. Hugo si tu passes par là, encore une fois, je te hais.)

C'était un couteau sans lame qui n'avait pas de manche. C'était un sablier sans verre qui ne contenait pas le moindre grain de sable. C'était un vieux livre poussiéreux sans pages ni couvertures qui ne possédait aucun caractère sybillin. C'était un nocturlabe sans disques qui ne disposait pas de pointeur. C'était une partition de musique sans notes ni mélodie. Et bien d'autres choses encore se trouvaient dans les vestiges de ce qu'elle possédait, ce qu'elle accumulait depuis désormais des millénaires. Dans son royaume sous-terrain, on pouvait déceler mille et une choses qui défiaient tantôt la logique, tantôt le temps et parfois même l'imagination la plus fertile. Les Dieux avaient ce privilège que tout leur était possible. Rien ne parvenait à trouver de limites. Le raisonnement, la logique, les sciences. Rien ne les déroutait, tout leur appartenait. Néanmoins, dans ce palais rempli de futilités et de paradoxes, elle trouvait le temps terriblement long, comme si Chronos avait soudainement arrêté le temps pour se jouer d'elleElle possédait ce que toute personne aurait aimé posséder. Une bibliothèque emplie des plus vieux manuscrits du monde, certains tombés avec Alexandrie. Des objets aux utilités désormais douteuses, étant devenus obsolètes avec le temps comme ce vieux sextant doré avec lequel elle jouait. Des quartiers immenses, si grands que même elle n'en faisait jamais le tour. Des chefs d'oeuvre de la peinture, des Vinci, des Rembrandt, des Monet. Une beauté qui jamais ne se ternirait. Une jeunesse éternelle. Néanmoins, elle avait l'infrangible intuition que quelque chose lui manquait. Comme s'il existait un vide permanent en elle. Dans ce monde de noirceur, elle entendait la mélopée de ses prisonniers pour l'éternité. Le bruit venant des profondeurs ne cessait jamais vraiment, même lorsqu'elle cherchait à s'en éloigner. Le son dissonant des chaînes contre le fer la laissait désormais de glace. Depuis le temps qu'elle était ici, elle n'y prêtait plus vraiment attention. Dans la psyché posé là, dans un coin, elle s'aperçut. Le teint exsangue de la maîtresse des lieux contrastait curieusement avec les lieux emplis de noirceur. Le visage impavible, les yeux obscurs, le port de tête d'une reine. Elle inspirait crainte, angoisse voire phobie pour les plus faibles. Mais personne ne pouvait la juguler ni la dominer, tout le monde devait un jour courber l'échine devant elleLa Mort.

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28 juillet 2015

XVIII. Thèmes imposés.

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Règle; écrire sur deux thèmes imposés au hasard. Ici l'amour et la révolution.

Il était enfin l'heure pour les Insurgés de se préparer à l'attaque. Depuis des années, la population ne cessait de se plaindre et cela devait cesser. Il faut dire qu'après la Guerre contre les Dermauliens, le pays avait subi de nombreuses et incessantes crises. Le nouveau chef d'état relevait davantage d'un dictateur que d'autre chose. Bien que peu de personnes acceptaient cela, il devint compliqué de dire à haute voix ce que l'on pensait réellement. Les couvre-feux devenaient de plus en plus exigeants. La brigade de sécurité ne cessait  d'effectuer des rondes dans la ville. Certaines personnes allaient jusqu'à disparaître après avoir dérogé à certaines règles. C'était dans ces heures sombres que les Insurgés s'étaient formés. C'était dans ces heures sombres d'entrave que la liberté avait commencé à reprendre ses droits normalement inaliénables. Je me souvenais parfaitement des deux raisons pour lesquelles j'avais rejoint la ligue; elle et le fait que je ne puisse pas l'aimer. Elle, ses yeux smaragdins, ses cheveux bruns. Elle, son parfum de forêt sous la pluie, la douceur de ses traits. La tolérance ne demeurait plus depuis désormais presque une décennie. Amoureuse, religieuse, philosophique. On ne pouvait plus aimer comme bon nous semblait, on ne pouvait plus prier comme bon nous semblait, on ne pouvait plus penser comme bon nous semblait. Nous étions gangrénés jusqu'à la moelle par une façon de pensée unique qui devint vite légion dans les écoles. Contrôler les enfants était évidemment une manière sûre de les contrôler une fois adultes. Le pays semblait avoir subi un curieux voyage dans le temps. Parfois j'avais en effet l'impression de vivre dans une autre époque où les droits les plus basiques, ceux que l'on pensait éternels, étaient annihilés. Et puis, en levant la tête, je voyais ces énormes avions de chasse. En me promenant dans une rue, je croisais ces chars d'assaut prêts à donner l'attaque. En rentrant chez moi, je croisais une Brigade qui m'observait bien trop longuement. La Conspiration approchait. Les Insurgés se réunissaient en secret, souvent tard la nuit, lorsque seule la lune pouvait nous voir. La peur me tenait au ventre. Celle de ne pas réussir. Celle de mourir. Celle de la perdre. Celle d'être enfermée à jamais dans un espace clos. Celle de ne plus pouvoir exprimer tout se tramait dans mon cerveau mais surtout dans mon coeur. Même si j'étais effrayée de la suite des évènements, je savais que j'y arriverais. Non seulement pour ma propre liberté mais aussi pour celles des autres, pour la liberté si longtemps opprimée, pour la douce, la tendre, l'éternelle liberté. Elle frappa à ma porte la veille de la Conspiration. Je la vis belle, sublime, digne d'une peinture des temps anciens, de l'époque où la peinture n'était pas un art opprimé. Ses longs cheveux attachés en une tresse indisciplinée, son sourire de madonne, son teint laiteux, son corps de déesse grecque. Pour elle, pour sa vie, pour son bonheur, je mènerais cette Conspiration. Je prendrais les armes, décimerais des armées, tuerais sans remords, dirigerais les Insurgés jusqu'à la mort. Passant la porte, elle me frôla l'épaule et me demanda d'une voix à la fois douce et suave;

Prête pour la Révolution, Olympe ? 

Plus que jamais, Lazaria.

Je n'avais qu'une envie à ce moment-là; la prendre dans mes bras, serrer son corps ardent contre le mien frigorifié, sentir sa respiration dans ma nuque, l'embrasser de tout mon saoûl. Mais avant tout cela, nous avions une Conspiration à mener. Nous avions une révolution à gagner. Pour l'amour. Pour la liberté. Pour nous. Pour eux.

26 juillet 2015

XVI. Sans point.

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Règle; écrire sans le moindre point. Exception faite pour terminer le récit. (NDA, tout autre chose que le point seul était autorisé même les points d'interrogation & d'exclamation. Le choix de ne pas les utiliser est donc un choix artistique.)

Il me semble que j'ai oublié, à la sortie de la galerie, j'ai vu ce visage familier, pourtant je n'ai pas pu me souvenir où je l'avais déjà croisé; il me semble que j'ai oublié l'odeur de ces roses bigarrées, une rouge, une bleue, une jaune; il me semble que j'ai oublié la couleur de ses yeux, la beauté de ses traits, la tristesse de son sourire factice; il me semble que j'ai oublié le début de tout cela, ma mémoire s'embrouille, se mélange, me torture davantage chaque nuit: il me semble que j'ai oublié, était-ce un rêve ? Était-ce mon esprit dément ? Cela paraissait si réel que c'en est troublant; il me semble que je me rappelle le son de sa voix, la couleur si particulière de ses cheveux, la chaleur de son manteau qu'il m'a prêté, la gentillesse dont il a fait preuve alors que j'étais terrifiée; il me semble que je me rappelle avoir senti mon coeur battre à vive allure, comme s'il allait s'extirper de ma poitrine; il me semble que je me rappelle l'odeur de la peinture, la peur au ventre à chaque pas, l'envie d'abandonner, la peur de ne pas retrouver mes parents, le fait de poignarder son portrait qui me souriait, la peur, la peur, la peur; il me semble que je me rappelle ces tableaux mouvants, vivants, sortis d'un autre monde, celui de mes cauchemars; il me semble que je me rappelle ce moment, ce dernier moment où je l'ai vu; debout, devant une gigantesque rose aussi bleue que ses cheveux, aussi bleue que ses habits; il me semble que je me rappelle ce moment, ce dernier moment où je l'ai vu; son visage souriant, ce visage qu'il me semble que j'ai oublié ...

24 juillet 2015

XIV. Arc-en-ciel dans un monde en noir.

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Défi imagination; insérer au moins 15 couleurs ou 15 adjectifs relatifs à la couleur à travers tout le récit.

Dans ce monde, il n'y a que du noir. Les yeux éternellement fermés, je ne veux plus voir ce qui m'entoure. Je ne veux plus voir où je suis. Je ne veux plus voir cette folie. Assis en tailleur, mes paupières sont lourdes. Des cernes creusent mon visage famélique. Je suis éreinté. Éreinté de devoir mentir. Éreinté de cette tenue kaki élimée. Le médecin frappe à la porte et ne reçoit guère de réponse, rentrant quand même. Je suis là, évidemment. En aucun cas je ne pourrais être ailleurs. Arrivant à entrouvrir les yeux, sa blouse blanche m'aveugle presque. Il me pose des questions, comme d'habitude. J'ouvre à peine la bouche pour répondre. Je resterais là toute ma vie, enfermé entre quatre murs je le sais. Je suis malade, je ne guérirais jamais, seul pour l'éternité. Un frisson me traverse l'échine à cette pensée. Le médecin me force à le regarder. Ses prunelles bleues semblent me transpercer. Les miennes sont noires, comme tout, comme mon coeur. Une fois qu'il a disparu, c'est au tour du psychologue de s'aventurer jusque dans ma cage. La même blouse ivoire, ses talons claquent sur le sol. Elle s'assoit sur une chaise, sort son carnet marron mais elle se doute bien qu'encore une fois elle n'écrira rien. Ses yeux verts me regardent attentivement, guettant la moindre réaction. Elle me parle mais ses paroles ne sont que du vide. Tant bien que mal, elle essaye. Elle tente de me faire parler, de me faire sortir de ce monde bicolore en noir et blanc. Elle me montre des paysages que d'autres jugeraient somptueux. Des montagnes enneigées. Des mers turquoises. Des immenses buildings argentés qui touchent presque le ciel opalescent. Des photos séphia, vieillies que je reconnais tant bien que mal. Un homme aux cheveux noirs sourit naturellement, avec bonheur. A ses côtés, une petite fille châtain, des yeux tout aussi noirs que ceux de son frère. Ils sont heureux, ils semblent l'être. Les joues légèrement rosées à cause du froid de l'époque. Des manteaux bigarrés sur leurs épaules. Je sais que j'ai été cet homme souriant. Je ne le suis guère plus et je ne le serais plus jamais. Désormais je n'ai que pour seule vision les carreaux grisâtres de ma geole. Je sais qu'au fond d'elle, ma psychologue n'a pas plus de raison de penser que je sortirais un jour. Ses yeux smaragdins la trahisse. J'y vois la tristesse, sûrement celle de ne pas pouvoir faire son métier, de ne pas réussir à m'aider. Gênée, elle joue avec sa bague en or, la faisant danser sur ses doigts fins. Elle aussi décide de sortir, me laissant avec pour seule compagnie moi-même. Les gardiens aux immondes tenues orange me surveille. Après tout, je suis un individu dangereux. Un sourire s'esquisse sur mon visage, illuminant mon teint habituellement exsangue...

23 juillet 2015

XIII. Adverbes.

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Règle: écrire sans aucun adverbe. (NDA; inspiré de Transistor avec une pointe d'imagination).

La Cité Souterraine.

Il faisait nuit lorsque Red se décida à sortir de son appartement résidentiel. Le ciel était noir comme de l'encre. Sans étoiles visibles. Sans lumière non plus. Sans la lune qui se dissimulait sous ses yeux. Elle serrait le Transistor contre son coeur, espérant entendre sa voix. Mais aucun son ne parvenait de l'arme qui demeurait silencieuse. Red aussi le restait. Car sa voix, elle l'avait perdue. On lui avait retiré, comme on retire une bague de sa main. Chanter lui manquait. Entendre sa voix lui manquait. Le simple fait de parler lui manquait. C'était tout un pan de sa vie qu'on lui avait ôté. Seuls ses souvenirs lui permettaient de se rappeler ce son perdu. Mais elle était pressée, nul temps à perdre à se lamenter. Red descendit les escaliers à grandes enjambées, tentant de conserver un équilibre mis à mal par l'arme démesurée. Il lui fallait agir vite, et en particulier être discrète. Si les scanners la repérait, elle savait que l'information remonterait jusqu'à Grant. Grant. Il subirait le même sort que Sybil. Elle n'aurait aucune pitié à son égard. Tout était de leur faute, elle ne comprenait pas. Elle avait beau chercher, elle ne comprenait pas. Qu'avait-elle fait pour subir cela ? Qu'avait-il fait pour mériter cela ? Les escaliers semblaient la mener au centre de la Terre. Red savait où elle se rendait, bien qu'elle n'y ait en aucune façon mis les pieds. Elle finit par arriver à sa destination. La Cité Souterraine. Elle se doutait que la Camerata ne viendrait pas fouiller dans ces bas-fonds où la populace se révélait bien plus violente, bien plus cruelle. La vue demeurait magnifique. D'immenses gratte-ciels se dressaient, les lumières illuminaient les bâtiments. La ville semblait être en plein jour, la population continuant de vivre comme si de rien n'était. La rousse connaissait mal le chemin, les directions se succédant devant ses yeux. Tout d'un coup, la voix du Transistor se fit entendre, indiquant la voie. Red fut rassérénée de l'entendre, comme s'il revivait. Sans l'ombre d'un doute, elle s'en tint à ce qu'il dit, s'aventurant dans la Cité.

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22 juillet 2015

XII. Trésor.

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 Défi imagination: écrire le texte d'une page trouvée sur une île déserte, au fond d'un coffre. (NDA; Ce texte s'inspire certes de personnages ainsi que d'élements historiques cependant certaines libertés ont été prises, volontairement. Ne pas y avoir ici un texte biographique quant à la vie de Charles Vane.)

"Juin 1718,

Je ne sais même plus quel jour nous sommes et c'est péniblement que je me remémore le mois ainsi que l'année. Seul le désir de vengeance me permet de retenir ces informations, désirant mémoriser le nombre de jours passés ici, espérant faire vivre le même sort à ceux qui m'ont fait prisonnier. Je suis sur cette île depuis si longtemps que j'ai l'impression que cela dure depuis des millénaires. Je tente, presque en vain, de garder l'esprit alerte, me nourrissant presque correctement. Je me rappelle de mon nom. Charles Vane. Je me rappelle de mon brigantin. Le Ranger. Je me rappelle pourquoi je suis là. La mutinerie. Pourtant mon esprit semble flou. Laissé à l'abandon sur une île avec pour seule chance de survie un pistolet chargé. Que suis-je censé en faire ? Serait-ce au cas où mon esprit lui-même désirerait abandonner ? Un sourire cruel s'anime sur mon visage. Moi, capituler ? Jamais la reddition ne sera permise. Tant celle de l'esprit que celle d'un navire sous le bruit des canons. J'ai déjà quelque peu exploré l'île. Cependant son immensité fait que je n'en vois guère la fin. J'ai également creusé le sol, de mes propres mains, espérant y dénicher quoi que ce soit. Des vivres, de l'eau potable, une carte au trésor. Rien. Ainsi se contera la vie de Charles Vane, le pirate. Pourrisant sur une île perdue au milieu des mers, sans rien. Voilà un bien piètre héritage à laisser à la postérité. Dire qu'il y a encore peu, j'étais un flibustier connu, redouté sur les mers. Rares étaient ceux qui osaient croiser mon chemin sans la peur au ventre. Je voguais sur les mers comme Poséidon en son royaume. J'avais même comme compagnon le plus célèbre, le plus sinistre et sûrement l'un des plus sanguinaires pirates qui ait existé. Barbe Noire. Rien que son pseudonyme suffisait à attiser les craintes, à inspirer tant la frayeur que le respect. Mais moi-même ai-je su faire preuve de cruauté. Bafouant les règles du code des pirates. Tuant sans merci ceux qui avaient déjà admis leur reddition. Traitant de la pire manière qui soit d'autres êtres humains. Sur Le Ranger, je demeurais invincible. Donnant l'assaut sur les navires britanniques et français en n'espérant ainsi une seule et unique chose: leur mort, de la pire manière qu'il soit. Pourtant je ne regrette rien, au contraire. Je suis un pirate. Pourquoi devrais-je être bon et loyal ? Je suis né pour dominer, asservir, terrasser, commander, détruire. Rien de plus ne satisfait mon appétit féroce. Avant de moisir sur cette île immonde, j'aimerais simplement revoir Nassau. La Nassau sous le joug des pirates. La Nassau triomphante, rebelle. La Nassau belle, fière, infestée de pirates, de canailles se querellant. La Nassau qui se pavanait suite à mon assaut. Le drapeau des pirates flottant sur le port, exhibant à tous son appartenance."

21 juillet 2015

XI. L'Aurore & Céphale.

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Règle; écrire un texte tout en rimes alternées et en alexandrins. 

Ainsi arriva l'Aurore observant Céphale

De son visage, de ses lèvres, elle était éprise

Bien que les Dieux l'avaient promise à Boréal

Mais même à Zeus, la belle demeurait insoumise.

 

Hélas son splendide prince était déjà épris

De Procris, il était désormais le mari

L'Aurore mit alors son bien-aimé au défi

Grimé, le soir même, dans le lit s'introduisit

 

Pour s'assurer la fidélité de sa femme

Qui se trouva forte séduite par le bel homme

Outré par cette parjure, ainsi vint le drame

Céphale meurtri laisse Procris s'enfuir du royaume.

 

L'Aurore, très fière, vint consoler son bel amant,

Désormais convaincue que son coeur était sien

Elle lui offrit donc sa plus belle dague en argent

Mais il choisit de ne pas voir le lendemain.

 

20 juillet 2015

X. Testament.

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Défi imagination: rédiger un testament où l'auteur ne lèguera aucun bien "matériel".

Ceci est mon testament, moi Dimitri, Alexei Ledovskoï,

Je sais que mon heure est proche, que bientôt la Grande Faucheuse viendra me prendre sous son aile pour un nouveau voyage, un dernier aller sans retour. Aussi ai-je décidé d'écrire ce qui sera probablement mon tout dernier texte. Ecrire a toujours détendu mon coeur, mon corps et mon âme. J'ai bien peur que dans l'outretombe, je ne suis puisse plus le faire. Je lègue à mon fils, M. Ledovskoï Maverick ma joie de vivre, puisse-t-elle enfin le laisser apprécier les plaisirs simples de la vie, le bonheur de simplement respirer. Je lègue à ma fille Mlle Ledovskoï Anastasia, l'espoir que j'ai toujours eu en l'humanité, que cela la guide à travers son dur travail d'avocat, qu'elle continue de croire que les gens sont bons, quelque part au fond d'eux. Je lègue à ma femme, Mme Ledovskoï Lilly, tout mon amour, non seulement celui qu'elle m'a offert durant tant d'années ensemble, mais le mien également. Afin que toute l'affection que je lui portais puisse tarir ses larmes. Je lègue à ma belle-fille, Mme Ledovskoï Yuna, le pouvoir d'apercevoir le soleil même lorsque les nuages obstruent tant le présent que l'avenir, l'envie d'aller de l'avant même si la vie semble parfois nous jouer des tours. Je lègue à tous mes petits enfants susnommés M. Ledovskoï Léon, Mlle Ledovskoï Dania, M. Ledovskoï Constantin ma détermination implacable. Quoiqu'il se passe, quoique les gens puissent vous dire, n'abandonnez jamais, ne les laissez jamais croire qu'ils sont meilleurs que vous. Comme votre grand-père n'a jamais laissé tomber l'envie d'être un écrivain, faites de même, réalisez vos rêves, aussi fous puissent-ils être. Je rejoins désormais mes deux frères, ma mère et mon père dans la tombe. Mon dernier bien, je le lègue à tous ceux qui en trouveront le besoin: si jamais vous êtes malheureux, sachez que quelqu'un pense à vous, que des gens vous aiment, que vous êtes entourés et que ce sont les personnes autour de vous qui rendent votre vie plus belle.

18 juillet 2015

IX. Lettre.

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Mon cher frère,

Je ne sais guère par où commencer mais je dois t'écrire. Le coeur m'en démange. Cette lettre ne changera sûrement rien, peut-être la brûleras-tu car j'aurais enfin osé avouer ce que je pensais véritablement au fond de moi. Mon frère, je ne te reconnais plus. Toi qui étais auparavant si doux, si souriant, qu'es-tu devenu ? Un monstre de haine, rongé par le malheur. Ni plus ni moins. Je sais que tu en veux au monde entier de t'avoir arraché ce qui t'étais si cher. Mais sommes-nous responsables ? Pourquoi dois-tu exprimer ton ressentiment envers et contre tous ? Ingérer tout cet alcool n'y changera rien. Détester tes proches n'y changera rien. Elles ne reviendront pas. Jamais. Elles sont mortes et enterrées. Et elles ne vivent qu'à travers toi désormais. Je ne peux qu'imaginer ta peine, ta douleur et je ne peux pas la ressentir car je ne l'ai pas vécu. Mais ce que je vis est bien pire, crois-moi. La haine que tu as envers le destin est dirigée contre moi, contre nous. Je ne supporte plus les cris, les insultes. Je ne supporte plus de te voir te détruire. Je ne supporte plus de devoir te blesser pour que tu aies enfin une réaction. Je ne supporte plus de devoir te faire pleurer pour que tu cesses de me mettre plus basse que terre. Mon frère, je ne sais plus quoi faire pour t'aider. Je suis perdue. J'aimerais tellement que tu acceptes la main que je te tends mais tu la refuses sans cesse, la rejetant toujours avec davantage de violence. Je n'arrive pas à te faire comprendre toute l'affliction qui m'abat sans cesse. Tu ne penses qu'à toi, tu ne vois pas ce que les autres ressentent. Tu imagines que tu es le seul à vivre l'enfer mais tu entraînes les autres dans ta chute sans fond. J'ai peur que tu ne comprennes cela que lorsque tu seras seul. Que lorsque tous tes proches en auront assez de tes caprices. En auront assez de supporter l'ivrogne que tu es. En auront assez de porter ce fardeau avec toi. Mon frère, comprends-moi, comprends-nous. Désireuses de t'aider, rejetées chaque fois. J'ai peur qu'un jour il ne t'arrive malheur. Oui, je suis terrifiée. Malgré la haine, malgré les mots, malgré tant de violence psychologique, j'ai peur. Effrayée que ton corps ne supporte plus tes excès en tout genre. Et ce jour-là, je ne pourrais cesser de m'en vouloir. Je ne pourrais m'empêcher de penser que c'est en partie de ma faute, parce que je n'ai jamais réussi à t'aider. Alors je t'en prie mon frère, laisse-nous t'aider, accepte ces mains tendues. Laisse tomber cet orgueil inutile. Abandonne ta fierté et laisse-toi guider.

Ta soeur aimante.

16 juillet 2015

VII. Porte vers l'imaginaire.

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Défi imagination; Imaginez au champ au bout duquel se trouve une porte. Décrire ce qui se trouve derrière.

Orion marchait sans vraiment n'avoir de but, sans vraiment qu'il ne soit conscient de ses mouvements. Perdu au milieu d'un champ de blé, il se remémorait à peine comment il avait atterri ici, fuyant les querelles familiales. Les cris, les pleurs, il n'en voulait plus. De l'accalmie. C'était tout ce qu'il désirait, tout simplement. Rien de plus, rien de moins. Le silence d'une nuit tranquille. Au-dessus de lui, les étoiles étincelaient, sans se soucier de son malheur ou de celui de n'importe qui d'autre. Le ciel, sans nuages, était magnifique, presque sorti d'un tableau. Rien ne semblait pouvoir ternir cette nuit, pas même le désespoir du marcheur solitaire. Seul ses pas ainsi que le vent émettaient un léger bruit. Au milieu de ce champ, il se sentait terriblement bien. Il en oubliait la peine, l'amertume qui l'envahissaient chaque jour un peu plus. Et puis, soudain, il entendit un son étrange, un son certes qu'il connaissait mais qui lui paraissait bizarre au beau milieu de nulle part. Curieux, il continua sur sa route, en direction du grondement de ce qui paraissait être un moteur.

Arrivant devant une porte pour le moins énigmatique, Orion ne prit guère le temps de réfléchir et la poussa pour l'ouvrir. Ce qu'il vit dépassa son imagination. En face de ses yeux ébahis se dressait non pas, comme il l'aurait pensé, la simple continuation du champ, mais bien une immense galaxie. Des constellations, des milliers d'étoiles, des planètes encore inconnues. Le spectacle était grandiose. Le ciel qu'il observait auparavant paraissait soudain bien minuscule. Il n'osait guère s'approcher, craignant de tomber dans l'espace immense qui s'étalait ainsi devant lui. Même dans les livres, il n'avait jamais rien vu de pareil. D'aussi splendide et effrayant. L'infini devant lui n'émettait aucun bruit, comme il l'avait appris à l'école. Pourtant, il était persuadé d'avoir entendu quelque chose qui l'avait poussé à ouvrir cette porte. Orion ne savait que faire; fermer cette ouverture vers l'imaginaire sans se disant qu'il ne la reverrait sûrement jamais ou y pénétrer tout entier afin d'en percer les mystères.

Le son était toujours présent. Il ne pouvait guère venir de cet univers alternatif, Orion en était certain. Et pourtant, il vit se dessiner devant lui un véhicule. Plus celui-ci s'approchait, plus le bruit également devenait plus proche. Le jeune homme n'avait aucune idée de comment cela pouvait se produire, de même qu'il ne savait comment tout un espace pouvait se dissimuler derrière une porte. A bord de l'engin motorisé, une jeune femme apparut. La peau aussi laiteuse que ses cheveux, d'une beauté translucide. Ses yeux améthyste semblaient témoigner pour elle du fait qu'elle n'était clairement pas humaine. Un manteau de cuir noir mettait particulièrement en valeur son visage aussi blanc que la lune elle-même. Arrêtant le vaisseau à la hauteur d'Orion, elle haussa un sourcil, esquissant un léger sourire moqueur.

 ▬ Tu montes, Orion ?

Il ne songea même pas à lui demander d'où elle pouvait connaître son prénom. Il ne songea même pas à lui demander le sien. Il ne songea même pas à la question. Il rentra dans le vaisseau et la porte se ferma derrière eux.

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