XIX. Death parade.
Règle; écrire à partir d'une citation imposée. (Citation insérée en gras. Hugo si tu passes par là, encore une fois, je te hais.)
C'était un couteau sans lame qui n'avait pas de manche. C'était un sablier sans verre qui ne contenait pas le moindre grain de sable. C'était un vieux livre poussiéreux sans pages ni couvertures qui ne possédait aucun caractère sybillin. C'était un nocturlabe sans disques qui ne disposait pas de pointeur. C'était une partition de musique sans notes ni mélodie. Et bien d'autres choses encore se trouvaient dans les vestiges de ce qu'elle possédait, ce qu'elle accumulait depuis désormais des millénaires. Dans son royaume sous-terrain, on pouvait déceler mille et une choses qui défiaient tantôt la logique, tantôt le temps et parfois même l'imagination la plus fertile. Les Dieux avaient ce privilège que tout leur était possible. Rien ne parvenait à trouver de limites. Le raisonnement, la logique, les sciences. Rien ne les déroutait, tout leur appartenait. Néanmoins, dans ce palais rempli de futilités et de paradoxes, elle trouvait le temps terriblement long, comme si Chronos avait soudainement arrêté le temps pour se jouer d'elle. Elle possédait ce que toute personne aurait aimé posséder. Une bibliothèque emplie des plus vieux manuscrits du monde, certains tombés avec Alexandrie. Des objets aux utilités désormais douteuses, étant devenus obsolètes avec le temps comme ce vieux sextant doré avec lequel elle jouait. Des quartiers immenses, si grands que même elle n'en faisait jamais le tour. Des chefs d'oeuvre de la peinture, des Vinci, des Rembrandt, des Monet. Une beauté qui jamais ne se ternirait. Une jeunesse éternelle. Néanmoins, elle avait l'infrangible intuition que quelque chose lui manquait. Comme s'il existait un vide permanent en elle. Dans ce monde de noirceur, elle entendait la mélopée de ses prisonniers pour l'éternité. Le bruit venant des profondeurs ne cessait jamais vraiment, même lorsqu'elle cherchait à s'en éloigner. Le son dissonant des chaînes contre le fer la laissait désormais de glace. Depuis le temps qu'elle était ici, elle n'y prêtait plus vraiment attention. Dans la psyché posé là, dans un coin, elle s'aperçut. Le teint exsangue de la maîtresse des lieux contrastait curieusement avec les lieux emplis de noirceur. Le visage impavible, les yeux obscurs, le port de tête d'une reine. Elle inspirait crainte, angoisse voire phobie pour les plus faibles. Mais personne ne pouvait la juguler ni la dominer, tout le monde devait un jour courber l'échine devant elle. La Mort.