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The darker the night, the brigter the stars.

22 août 2015

XXXV. Lieu commun, premier du nom.

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Défi imagination: décrire en une quinzaine de lignes une gare à une heure d'affluence.

Il était treize heures passées quand Lucrezia daigna enfin lever les yeux de son roman. Cela faisait désormais trois bonnes heures qu'elle était assise à même le sol de la gare Saint Lazare. Chaque jour, elle se rendait ici, à la même heure, telle une horloge savamment réglée. Et elle s'installait à la même place, sortant un livre sans prêter attention à l'impression qu'elle devait donner. De toute manière, peu de gens lui accordait la moindre importance. Chaque jour, c'était la même rythmique incessante. Comme le sempiternel lever de soleil, la gare avait sa propre cadence rythmée par les voyageurs pressés. Chaque jour, les mêmes hommes d'affaire, les mêmes femmes pressés, les mêmes personnes guettant avec attention et impatience les panneaux des trains. Et dès qu'une ligne s'affichait, c'était la cohue. Dans la foule croissante, omniprésente, Lucrezia demeurait invisible. Le bruit dissonant de cette masse de personnes, des trains approchant, des annonces ne la gênait pas, au contraire. Ce bruit de fond, comme elle l'appelait, la distrayait. Jouant avec les pages de son livre, elle ne pouvait s'empêcher d'esquisser un sourire en voyant tous ces gens courir, affolés à l'idée d'arriver en retard quelque part. En observant tous ces petits gestes saccadés, désignant clairement un stress. En analysant ces personnes, tantôt bien préparées, tantôt mal parées dû à un retard évident et à quelques minutes en trop passées dans leur lit. La jeune fille se sentait invisible, invincible, rien ni personne ne pouvait la déranger. Elle se demandait parfois comment ces gens arrivaient à vivre ainsi, toujours à cavaler à l'autre bout de la capitale, toujours à essayer d'attraper le temps qui filait sans aucun remord pour qui que ce soit. Dans cette foule opaque, elle s'amusait à imaginer la vie de certains, leurs métiers, leurs doutes, leurs situations. La gare Saint Lazare était un lieu parfait pour qui cherchait à comprendre le genre humain, du moins pensait-elle. Le visage stoïque de Lucrezia s'égayait parfois en croisant des enfants ou des adolescents. Tout comme elle, ils semblaient indifférents aux gens, au reste du monde. Ils savaient qu'ils possédaient le temps en leur faveur et que ce qu'il ferait avec ne dépendait que d'eux. Louper un train, prendre le prochain, marcher nonchalamment jusqu'au quai. Elle admirait le contraste si intense entre deux êtres humains qui, au fond, n'était peut-être pas si différents. De l'autre côté du quai, des boutiques demeuraient ouvertes, contenant elles aussi des gens moins pressés mais sûrement tout aussi stressés. Travaillant toujours dans l'urgence, ne voulant jamais mettre en retard leurs clients impatients, les employés des magasins de la gare devaient toujours rester polis. Affichant un sourire obséquieux, déclamant des paroles mielleuses à la limite de l'écoeurant. Dans son coin de la gare Saint Lazare, Lucrezia attendait patiemment telle une statue grecque. Jetant un dernier regard à la foule, elle esquissa un léger sourire. Tant de gens courant dans tous les sens. Tant de gens qui ne prêtaient aucune attention à ce qui se passait autour d'eux. Tant de gens qui, bien que tentant de fuir le temps, fuyaient davantage leur propre vie, leur liberté. Tant de gens qui, à l'inverse de Lucrezia, ne prêtaient plus le temps au temps lui-même.

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21 août 2015

XXXIV. Préméditation fatale.

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Contexte & règle: Un homme, jardinier, est menacé de mort et pressent qu'il ne pourra pas échapper à son assassin. Il imagine un stratagème; il plantera des rangées d'oignons sur le rond-point de l'entrée de la ville qui, une fois ouvertes, désigneront l'assassin. Trouvez le mobile du crime, pourquoi la victime ne peut y échapper et ne préviens pas son entourage. Choisissez, ou non, de faire le portrait du meurtrier.

Le corps fut retrouvé, suintant, puant, dans la maison vide depuis quelques jours. Les voisins n'avaient plus de nouvelles, l'homme ne sortait plus depuis qu'il avait effectué son dernier travail. Inquiets, ils avaient appelé les autorités. Curieux, ils avaient voulu savoir ce qui s'était passé. Personne n'aurait imaginé qu'un corps puisse être retrouvé ainsi, pourrissant dans une maison où chaque pas semblait désormais résonner. Bien vite, la nouvelle s'était répandue. Maverick Derveck était décédé. Ou plutôt, il avait été tué. Le médecin légiste avait en effet trouvé des traces de cyanure. Bien que la mort de M. Derveck avait été annoncée dans les journaux, la police n'avait jamais révelé la véritable arme du crime, le véritable poison utilisé, espérant ainsi duper le meurtrier. De nombreuses questions subsistaient. Quel était le mobile ? Qui en voulait à ce pauvre jardinier qu'était M. Derveck ? Comment avait-il su qu'il allait mourir ? Oui, car il le savait. Il en était persuadé. Une lettre écrite de sa main, authentifiée, avait été laissée, indiquant ses dernières volontés en demandant au peu de sa famille qui lui restait ainsi qu'à ses proches de ne pas chercher à comprendre. La police crut d'abord à un suicide. Pour quelle autre raison n'aurait-il pu dévoiler l'identité de son meurtrier ? La police n'avait aucun suspect, ni même d'indice. Pendant ce temps, le criminel demeurait en liberté. Avec son faciès d'ange, ses cheveux blonds, son sourire juvénile, personne ne pouvait le soupçonner. De plus, il n'y avait aucun indice menant à lui. Du moins sur la scène de crime. Car, quelque part, dissimulé dans un tiroir de la maison se trouvait la raison de ce crime, se trouvait la raison de ce silence, se trouvait la raison et l'explication finales. Rémiel, demeurait serein. Il était persuadé que Maverick n'aurait jamais eu le courage de le dénoncer. Il était persuadé que Maverick n'aurait jamais eu le courage d'envoyer son petit frère en prison. Il était persuadé que Maverick n'aurait jamais eu le courage de dire à qui que ce soit que le jeune blond était le corbeau qui le harcelait depuis de longs mois maintenant. Rémiel n'avait pas prévu que, quelques mois plus tard, son nom s'afficherait en lettres immenses, un rang d'oignon en fleurs fleurissant. Sachant que c'était Maverick qui les avaient fait fleurir, sachant qu'il était conscient qu'il allait mourir, la police arrêta Rémiel. Il tenta de démentir, il tenta de s'expliquer mais dans sa bouche, tous les mots semblaient factices, semblaient flétrir au fur et à mesure. Son sourire angélique semblait s'être transformé en celui d'un démon, d'un démon sans merci, d'un démon tueur. Oui il avait tué son frère à cause de sa jalousie toujours aussi grandissante. Jamais il n'avait comprit pourquoi tout le monde préférait Maverick, pourquoi tout le monde le trouvait si aimable, si attentionné, si parfait alors que lui, lui n'était qu'une pâle copie translucide. Oui il l'avait menacé pendant des mois, menacé de révéler que l'homme si élégant avait un jour été en prison, avait un jour commis des crimes qu'il avait à peine expié. Oui, il l'avait tué, oui Maverick savait. Maverick savait tout. Cependant, Maverick ne supportait plus ce chantage, ne supportait plus ce frère qui le haïssait sans raison. Il préférait mourir que devoir encore supporter cet enfer. Mais plus que tout, il préférait voir Rémiel pourrir en prison jusqu'à la fin de ses jours pour l'avoir tué.

18 août 2015

XXXII. Essai de discours, second du nom.

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Il était une fois, dans une petite ville en Bretagne, une belle princesse qui était trop envahie par ses études d'infirmière. La plus jolie des enfants n'avait guère le temps de chercher son prince charmant. Telle une Mulan des temps modernes, elle était bien trop occupée à se battre contre des armées et des monstres biens réels tel que la terrible, la redoutée Taldyre. Et un soir, un étrange cavalier arriva. Armée d'une BMW et d'un sourire charmeur, il tenta de conquérir la belle princesse. Farouche et indomptable, elle préféra garder pour seule compagnie sa fierté. Mais l'image du doux prince aux cheveux blonds vénitiens, pour ne pas dire roux, flottait toujours dans son esprit. Et le jeune homme ne semblait pas vouloir abandonner. Déterminé à enfin attirer l'attention de sa bien-aimée, il ne s'arrêta guère aux barrières posées par la demoiselle, Et, à force de patience et surtout d'entêtement, il gagna le coeur bien moins rebelle qu'on ne pouvait le croire au premier regard. Cependant, comme dans tout bon conte de fées, tout ne fut pas si simple. Les aléas de la vie, les mauvaises intentions faillirent bien avoir raison de la princesse qui désespérait de ne pouvoir rejoindre son doux prince qui l'attendait à la Capitale. Mais le soutien, l'amour sans failles du prince eurent raison des épreuves. Enfin, ils étaient réunis et n'étaient pas prêts de se quitter. Après de longs mois passés ensemble, le prince prit finalement son courage à deux mains. Avec un sourire ravageur, un genou à terre et le coeur au bord des lèvres, il osa enfin demander sa bien-aimée en mariage. Elle, qui n'attendait que sa bague et cette demande depuis des mois, sauta de joie et, comme vous le savez tous, accepta. En ce jour, la Princesse et le Prince, ont réuni leurs familles bien-aimées et leurs amis pour prouver au monde que leur amour est plus fort que tout, que le bonheur a su traversé les années. Et en ce jour, je ne peux que prononcer ces quelques mots sans lesquels on ne peut pas terminer une belle et éternelle histoire de prince et de princesse. Ils vécurent heureux, très longtemps et eurent beaucoup d'enfants. Enfin, quand ils seraient riches, un jour !

17 août 2015

XXXI. Essai de discours, premier du nom.

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Règle; écrire un discours de témoin pour un mariage.

A ma soeur et à mon beau-frère préféré,

Enfin vous vous mariez. Depuis le temps qu'elle attendait la bague et la demande, il fallait bien que cela arrive un jour ! Je me rappelle parfaitement du soir où ma soeur nous as appelé. Tout le monde était en pleurs et elle, elle était toute heureuse, tellement fière de nous l'annoncer. Je suis extrêmement ravie d'être ici, d'assister à cette union, à votre union. Benjamin, je te confie ma soeurette. Celle qui me forcait à regarder La petite maison dans la prairie quand nous étions jeunes. Celle avec qui je me suis battue comme tous les enfants. Celle avec qui tous les moments n'ont pas toujours été faciles. Mais surtout celle que j'aime plus que tout, parce que c'est ma grande soeur. Je sais que tu sauras prendre soin d'elle et crois-moi que si tu le fais pas, tu le regretteras. Cependant, je n'ai aucun doute là-dessus. Tu l'as toujours comblée et je crois que je ne l'ai jamais vue aussi heureuse, rayonnante. Je ne peux désormais que vous souhaitez des choses banales mais sincères. Que vous vous aimiez jusqu'à la fin des temps comme dans tous les bons contes de fées dignes de ce nom. Que votre amour puisse résister aux aléas parfois compliqués de la vie. Que votre bonheur surpasse tout et se transmette, plus tard, à vos enfants. Si je ne suis pas encore prête à être appelée tata, je peux toutefois en cette journée si particulière, vous dire à quel point je suis heureuse d'être là et je ne suis pas prête d'oublier ce mariage d'aussi tôt. Je ne pense pas être très douée pour les discours alors arrêtons le massacre ici et levons nos verres.

16 août 2015

XXX. À la terrasse du café.

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Règle; installé dans un café, décrire les lieux, les gens, l'état d'esprit sans ne jamais utiliser le verbe être.

Sans que je ne m'en aperçoive, treize heurs avait déjà sonné. Cela faisait désormais deux heures que je traînais, impatient, dans ce café. Le Bar Zéphyr. Mon quartier secret. Mon repaire. Mon antre. Confortablement installé à la même chaise depuis de longues années, je ne bougeais jamais. Quand quelqu'un avait le malheur de s'asseoir à cette place nommée la mienne, je préférais partir. Lubomir, le serveur et propriétaire, connaissait mes goûts par coeur et avait l'habitude de me voir toujours assis ici même. Et, comme d'habitude, je ne faisais rien. Pour beaucoup, je devais sûrement représenter une sorte d'homme perdu d'esprit, quelqu'un sans grand intérêt, attendant sûrement quelque chose en vain. Pour beaucoup, il fallait absolument occuper notre cerveau, écouter de la musique, lire un livre, jouer sur son téléphone, parler avec un ami. Or je ressentais le besoin continuel, journalier de me poser sans ne rien faire. Sentir le rembourrage luxueux du fauteuil rouge semblage à celui d'un théâtre. Faire danser le verre de whisky entre mes mains. Observer l'intérieur de l'établissement. Regarder les gens passer. Admirer ces miroirs sculpturaux, ornés de décorations somptueuses. Voir Lubomir se mouvoir silencieusement tel un animal parmi les clients. Le Bar Zéphyr ne demeurait pas un endroit très connu. Dissimulé dans les tréfonds du monstre parisien, le petit café subsistait un lieu fréquenté presque uniquement par des habitués. Des artistes déchus. Des artistes s'évertuant à trouver leur voie. Des artistes cherchant l'inspiration. Des écrivains gribouillant des pages noircies de textes obscurs. Des chanteurs venant chercher consolation auprès d'un bon verre d'alcool. Des compositeurs hésitant sur un thème particulier. Et moi. Pas un artiste, non. Davantage un philosophe, un homme en quête d'autrui. Décortiquant, analysant le comportement humain à la terrasse d'un café. Les gens passaient, souvent indifférents, souvent inintéressants. Une fois passés, je ne me souvenais jamais d'eux, à moins de ne revoir leurs visages. Et puis, aujourd'hui, elle passa. Une superbe fille à l'allure mélancolique. Cela faisait désormais quelques temps que je l'avais remarquée. Son parapluie rouge rubis contrastait curieusement avec ses habits noirâtres, sa chevelure lisse et brune, ses mains crispées, son air perdu. Je l'avais vu la première fois il y avait une semaine déjà. Depuis, j'avais pris l'habitude de venir au café chaque jour, à la même heure, espérant comprendre la raison de ce regard attristé. Le visage toujours baissé vers le sol, je ne connaissais même pas la couleur de ses yeux. Dans la foule, elle arrivait à passer inaperçue alors que je ne voyais qu'elle. Dans le Bar Zéphyr où tant d'artistes cherchaient l'inspiration ne levaient même pas les yeux pour entrapercevoir la muse qui se promenait silencieusement chaque jour, telle une étoile filante qui disparaissait aussi vite arrivée.

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9 août 2015

XXVIII. La Disparition.

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Règle; à la manière de Georges Perec dans La disparation, faire disparaître un élément de son choix. Les verbes, une lettre précise, les verbes etc.

« Quand tout est permis, rien n'est possible. » Perec

Tels les flots en furie, il est venu. Ses yeux verts l'ont perdue éternellement. Son sourire mystérieux, renversé son coeur. Ses rires innocents furent les coups mortels, funestes, qui pulvérisèrent les dernières défenses de l'ingénue. Définitivement, elle ne comprit point de suite ce sentiment curieux, singulier. Elle ne conçut point qu'elle puisse ressentir quoi que ce soit envers ce jeune homme. Survenu en un clin d'oeil, dépourvu de toute pensée pour elle, dépourvu d'intentions, dépourvu de l'idée qu'elle puisse éprouver quoi que ce soit envers son être déprimé, effondré. Tel le torrent, il est venu. Détruisit toutes les idées forgées, tous les préjugés durement construits depuis des décennies. Elle, intriguée et inquiète. Lui, inconscient et désespéré. Toutefois, ils se rendirent bien promptement compte de leur tendresse réciproque, leurs gestes, leurs yeux ne mentirent guère. Elle se sentit comme une princesse désirée, chérie. Une princesse de Clèves dont l'union avec le duc de Nemours ne connut point d'embûches. Elle se sentit comme Juliette, prise d'une fièvre intense pour son Roméo qui ne lui rendit que trop bien. Bonnie et Clyde, vie criminelle en moins, intensité sûrement moindre de même. Toutefois libres d'exposer leurs sentiments, de vivre heureux. Et tel un conte, leur vie s'ensuivit, ensemble, éternellement.

6 août 2015

XXVI. Discussions.

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Règle; n'écrire que sur la base d'un dialogue sans insérer aucun texte autour.

Dis, tu penses que nous serons toujours ensemble ?

Je ne sais pas.

Tu pourrais au moins essayer de me mentir. Me dire que tu es persuadée que l'on ne se perdra jamais de vue. Me dire que tu es persuadée que nous serons amis éternellement. Me dire que tu es persuadée que l'on gardera toujours en contact même si nous sommes éloignés l'un de l'autre.

Je ne peux pas te le dire, tu le sais très bien.

Pourquoi ?

Parce que je ne sais pas. Parce qu'on ne peut jamais prévoir ce qu'il va se passer. Je ne suis pas Cassandre, je n'ai aucune idée de l'avenir et parfois j'aimerais, mais je ne peux pas. Peut-être qu'un jour, la vie ou la mort nous séparera. Ou qu'on se disputera assez idiotement pour gâcher toutes ces années d'amitié.

On ne s'est jamais disputé en autant de temps que l'on se connaît, comment cela pourrait arriver ?

Qui sait ? Un jour nos points communs, notre proximité, notre amitié fusionnelle pourraient nous jouer des tours.

Pourquoi es-tu toujours aussi pragmatique ?

Tu devrais en avoir l'habitude désormais.

Je suppose, oui. Mais tu devrais parfois juste exprimer ce que tu as sur le coeur. Avoue que ça te ferait du mal de me voir partir, hein ?

Oui, ça me ferait du mal. Ca me briserait complètement pour être honnête. Corps et âme. Je ne suis même pas sûre que je m'en remettrais parce que je t'aime tellement que ça en est inimaginable. C'est un sentiment si compliqué à exprimer. J'ai l'impression qu'entre toi et moi, il y a une forme d'amour que je ne retrouve avec personne d'autre. Ne te méprends pas, je ne dis pas que je t'aime dans le sens amoureux, tu le sais mieux que personne. C'est pour cela que c'est aussi dur de l'expliquer, peut-être parce que je ne me l'explique pas moi-même en vérité. J'ai l'impression d'avoir trouvé en toi ce que j'ai toujours cherché; mon alter ego au masculin. Au début, j'étais convaincue que l'on ne se ressemblait pas tant que ça, que l'on était, à l'inverse, très différents. Et puis, au fur et à mesure, du temps, plus l'on a appris à se connaître, plus je me suis rendue compte que j'avais cette impression de parler à moi-même. On pense de la même manière, tu termines mes phrases, nous avons les mêmes caractères. Ca a un côté génial et flippant à la fois. Je pense que c'est la raison pour laquelle j'ai l'impression que l'on est si proches. Même mes mots ne sont pas suffisants pour réussir à exprimer ce que je ressens vraiment tellement c'est inexplicable. J'espère simplement, autant que toi, qu'on restera à jamais ensemble. Car ça me ferait trop de mal de te perdre, crois-moi.

Anya ...

Oui ?

Arrête ton monologue, ça ne te va pas.

Je sais...

5 août 2015

XXV. A la cour.

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Règle; écrire un plaidoyer ou un réquisitoire d'une quinzaine de lignes sur un thème n'ayant aucun report avec la cour.

On dit parfois que la colère est une émotion saine, qu'elle permet de se libérer, d'évacuer la pression, d'exprimer tout ce qui est refoulé en soi. J'ai même entendu des gens, des personnes éminentes mais aussi des psychologues assurer qu'elle pouvait se révéler créative ! Qu'elle permettait de trouver une nouvelle forme d'énergie, qu'elle favorisait l'action, pouvant aller jusqu'à soulever des montagnes. Depuis quand ce ressenti d'émotions négatives est aussi bien perçu ? Depuis quand avons-nous jugé qu'il était salubre et par là même, presque vital ? Depuis quand nous sommes-nous dit qu'elle pouvait aider des personnes ? Comment pouvons-nous fourvoyer autant ? Avons-nous oublié jusqu'à notre latin, nos origines ? Ce mot, colère, venant de cholera, évoquant de manière quelque peu évidente excusez-moi du peu, la maladie et donc par extension la mort. Comment en est-on venu, après des siècles et des siècles, à associer la colère à une émotion positive ? Je m'insurge, aujourd'hui, à cette cour, car cela est pour moi, pour nous, pour l'humanité, impossible et va à l'encontre de notre langue, de notre vécu. Combien de femmes ont perdu leur maris parce que, sous la colère, ils les frappaient ? Combien d'enfants ont été victimes de coups, d'insultes sous les frasques de cette indicible colère ? Combien de terribles mots, de fléaux ont été causés par la colère ? Donnez-moi un chiffre, demandez-le à la défense, qu'elle nous le donne ! Il est clair que le chiffre est incalculable tout simplement parce qu'à ce moment précis, il est possible que quelqu'un sur cette Terre peuplée de plus de 7 milliards d'individus, que quelqu'un soit une terrible victime de cette colère que vous jugez salvatrice. N'avez-vous pas honte de la défendre d'ainsi ? D'oser la qualifier par des adjectifs si mélioratifs, si mielleux ? Peut-être ne vous rappelez-vous même plus de cette Bible que vous citez tous les soir en prenant un repas ? Dans tous les cas, je vais, moi, vous remémorer les péchés capitaux. Oui capitaux, un péché en engendrant un autre qui engendra un autre, la liste peut durer indéfiniment ! Gourmandise. Envie. Luxure. Paresse. Avarice. Orgueil. Colère. Oui messieurs dames ici présents, la colère fait partie de ces péchés auxquels les êtres humains ne sont pas censé goûter. Je vous suggère de penser à tout cela, à tout ce que la colère peut engendrer de mauvais, de terrible, d'indicible. Pensez-y ce soir, en vous couchant. Pensez à votre dernière colère. En quoi était-elle saine ? Pourquoi étiez-vous donc si irrité ? Pensez-y et dites moi en quoi l'énervement, le courroux, appelez cela comme vous désirez, vous a apporté ses bienfaits !

4 août 2015

XXIV. Logorallye, second du nom.

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Règle; insérer des mots imposés. Liste: Bateau - Aigle - Illegal - Loup - Acte - Fortune - Porte - Jean - Lampe - Bouteille - Papier - Bombe - Boîte - Tasse - Clef - Porte - Câble - Pied - Langue - Courrier.

Circé se surprenait parfois à rêver d'une vie meilleure. Quand elle traînait au port, elle voyait les bateaux qui partaient explorer les terres encore méconnues voire inconnues. Elle ne désirait qu'une chose: s'y infiltrer. Son navire préféré était celui de son père, évidemment. L'Aigle argenté. Un vaisseau immense, à la coque sombre, aux voiles radieuses, à l'apparence royale. Parfois, la nuit, quand personne ne la voyait, de manière tout à fait illégale, Circé se rendait au bateau à pas de loup. Et là, elle s'inventait un nouveau monde. Alors que le reste du village dormait à poings fermés, alors que tout le monde rêvait, elle, vivait son propre rêve de manière éveillée. Là, telle une actrice jouant un acte, elle oubliait tout de la vie ennuyeuse et paisible qu'elle menait. Elle s'imaginait voguer sur les mers. Trouver des trésors, des coffres emplis de mille et une fortune. Passer à l'attaque de vaisseaux ennemis. Être reconnue par tous. La porte de son imagination ne se fermait jamais vraiment. Enfilant les habits de son père, elle devenait elle-même le capitaine de l'Aigle argenté. Une chemise blanche trop grande pour elle, un jean noir qu'elle devait retrousser, des bottes élimées. Il lui arrivait même de descendre jusqu'à la cale. Là, dans la lumière chancelante de sa lampe, elle illuminait l'épée de son père. Une arme d'une beauté et d'une élégance rares. Aussi somptueuse que tranchante. Et puis, un jour, alors qu'elle était perdue dans sa pièce théâtrale, elle la remarqua. Une vieille bouteille posée sur la table. Celle-ci était fort encombrée et Circé ne douta pas que cela faisait plusieurs jours que l'étrange objet était posé là. La débouchant, elle vit un papier à l'intérieur. Impatiente, elle ne put s'empêcher de le lire, déroulant le parchemin effrité, visiblement vieux de plusieurs mois désormais. L'encre avait quelque peu coulé aussi lui était-il compliqué de tout comprendre. Mais visiblement, l'homme qui avait écrit avait survécu à un assaut militaire. La bombe avait coulé le navire avait tout ce qu'il possédait d'équipage et de ressources. Il semblait avoir réussi à s'échouer sur une île assez loin. Circé ne put s'empêcher de se demander pourquoi son père n'avait pas déjà été le cherché. Fouillant dans une boîte contenant sextants, boussoles, parchemins et autres objets, elle parvint à trouver de quoi écrire. Poussant une tasse, une théière et autres couverts quelque peu encombrants, elle se concentra sur sa tâche pendant de longues minutes. Elle n'espérait pas le sauver, non, elle en demeurait incapable. Mais peut-être l'homme serait-il heureux d'apprendre que quelqu'un avait bien reçu son message. Attrapant la clef de la cage à pigeons, la jeune femme ouvrit la porte avec douceur afin de ne pas effrayer les oiseaux. Il était tard dans la nuit aussi semblèrent-ils étonnés d'être réveillés à cette heure. Le pigeon à la main, Circé sortit sur le pont et commença à monter aux cables menant jusqu'au mât du vaisseau. Incapable de se diriger à l'aide d'une boussole, elle préférait de loin voir de ses propres yeux. S'agrippant sommairement au filet à l'aide de ses pieds, elle réussit tant bien que mal à attacher le message à la patte du pigeon qu'elle fit s'envoler. L'oiseau fit un claquement de langue, émettant ce son si spécifique à sa race, semblant indiquer qu'il avait comprit l'importance de sa mission. Dans l'accalmie de la nuit, la pleine lune régnait telle une déesse. Circé espérait que son courrier arriverait sans encombres jusqu'à sa destination, jusqu'à l'homme solitaire qui devait observer le même ciel qu'elle à ce moment.

3 août 2015

XXIII. Écriture simple (ou presque).

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Défi imagination; écrire sur un titre imposé, sans aucune autre restriction.

L'armure.

L'armure autour de son corps ne cesse de grandir comme une seconde peau. L'armure créé il y a de cela des années ne cesse d'augmenter sans ne jamais réussir à se détruire totalement, parfois s'effritant, parfois tombant sous les assauts. Mais toujours l'armure est là, revenant sans cesse telle une amie fidèle. Elle augmente pour la protéger, pour tenter de l'aider à faire face, pour lui faire comprendre que jamais elle l'abandonnera. Mais l'armure prend trop de place, elle devient encombrante. Au fur et à mesure, plus rien ne passe au travers de l'armure tout autant protectrice qu'envahissante. Il n'y a plus de place pour des sentiments basiques, ils ne peuvent plus traverser l'acier durement forgé par les décennies. Plus aucune place pour ressentir l'amour. Plus aucune place pour ressentir la bonté. Plus aucune place pour réussir à faire semblant. Plus aucune place pour sourire véritablement. Et dans ces rares moments où il lui semble qu'elle arrive à être heureuse, l'armure reprend sa place, lui faisant comprendre pourquoi elle a été créé, lui faisant comprendre pourquoi elle est encore là. Lui rappellant la cruelle réalité de son existence. Quand elle essaye de retirer l'armure, celle-ci résiste, toujours davantage comme pour lui dire qu'elle sera éternellement avec elle pour combler ce vide qui s'installe en elle. Quand elle essaye de retirer l'armure, cela dépasse ses forces, elle sait que c'est elle qui l'a fabriquée de la sorte, de manière à ce qu'elle puisse être à l'épreuve de tout qui parviendrait à l'atteindre. Parfois, elle a l'impression de n'être que cette armure. De n'être rien de plus que cet acier. A l'intérieur de l'armure, il n'y aurait que du vide, à peine une conscience vivante. Pas une personne à part entière, juste une entité fantomatique. Pas une personne à part entière, juste une âme égarée, errant sans but. L'armure la protège. Des maux. Des mots. Des coups. De la violence. De la cruauté. L'armure l'isole. Des gens. Des sentiments humains. De sa propre humanité. D'elle-même. Tout ce qui pourrait l'atteindre rebondit sur l'armure. Elle la porte en permanence, comme pour en oublier le poids écrasant. Et quand quelque chose parvient à traverser l'armure, quand quelque chose arrive à faire le chemin jusqu'à son être décrépi, jusqu'à son corps anéanti, elle essaye vainement de retenir ses larmes. Elle tente de rester forte et fière comme l'armure. Mais elle n'y arrive pas, c'est trop difficile pour elle. Elle n'y arrive plus. Sa protection construite avec patience semble se fissurer, s'anéantir sous ses yeux. Et quand il ne reste plus rien de l'armure que des morceaux dispersés, elle hurle. Elle laisse des larmes de colère, d'amertume, de fierté couler le long de son visage. Elle crie pour tenter de se souvenir qu'elle est en vie. Elle laisse échapper toute la peine à travers la rage. La belle armure auparavant blanche de pureté, d'innocence est désormais noire, noire et détruite, noire d'un désespoir qui ne semble jamais se ternir. L'armure n'est que le reflet d'elle-même. L'armure n'est que le reflet de son être désespéré. Et l'armure se reconstruira, plus forte, plus prégnante jusqu'à anéantir le dernier atome de son possesseur.

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