XXII. Fiction éclair.
Règle; écrire sans s'arrêter, d'une seule traite sans n'effectuer de modification sauf pour d'éventuelles fautes d'inattention.
Elendil avait toujours rêvé d'atteindre la lune. Les étoiles, le ciel, les constellations le fascinait, l'émerveillait plus que tout au monde. Dans son immense bibliothèque, il collectionnait des cartes variées indiquant tout ce qu'il désirait toujours savoir, ajoutant lui-même des annotations avec le temps, grâce à ses multiples observations. Quand il ne se réfugiait pas dans sa montagne de livres usés, Elendil parcourait le long trajet jusqu'à l'observatoire. L'endroit était haut perché, aussi lui fallait-il prendre toute la journée pour s'y rendre. Néanmoins, il n'en avait cure. Même la route pour s'y rendre lui paraissait belle. Montant sans cesse, peu fonctionnelle, encombrée de cailloux qui ne cessaient de tomber, elle était également recouverte de neige une grande partie de l'année. Elendil y marchait toujours d'un pas lent, ne tenant pas compte de la difficulté et de la longueur de la marche, profitant de la vue imprenable que la montagne offrait. Quand il était finalement tout en haut, que l'observatoire se dressait fièrement de toute sa grandeur, de toute sa splendeur, il s'asseyait près du bord de la montagne. Les jambes dans le vide, les cheveux au vent, les yeux grand ouverts, il s'extasiait avec toujours la même envie dévorante de découvrir le monde. Il pouvait rester là de longues minutes comme de longues heures sans que personne ne vienne le déranger. Il fallait dire que peu de courageux osaient venir jusqu'ici. Maintenant que le ciel avait été décortiqué, analysé, rares étaient ceux qui venaient jusqu'à l'observatoire, encore plus rares étaient ceux qui demeuraient aussi curieux qu'Elendil. Il restait persuadé qu'en observant toujours le ciel davantage, il trouverait un moyen de faire le voyage jusqu'à la lune. Armé de ses cartes du ciel, tant obsolètes que récentes, le jeune homme pouvait ainsi rester dans l'observatoire pendant des jours sans bouger, tel une statue de marbre. Étant donné qu'il était le seul à encore venir ici, il avait lui-même entreposé des stocks de vivres. Toutefois, lorsqu'il avait la tête dans les étoiles, rien ne semblait plus avoir d'importance à ses yeux. Ni la faim, ni la soif, ni le froid, ni la solitude. Dans son monde sans cesse irradié de lumière, il se sentait toujours bien. La lune, toujours changeante, était plus fidèle qu'une amante. Dans toute sa rondeur argentée, l'astre demeurait sa seule préoccupation, les étoiles, ses seules véritables amies, le ciel, son seul moyen de s'évader loin du quotidien. Il rêvait, oui, il rêvait qu'un jour il s'envolerait. Il décollerait de cette terre si maussade, si banale avec ses occupants tout aussi inintéressants et volerait jusqu'à la belle, la douce lune. Elendil savait qu'un jour il traverserait les cieux pour l'atteindre.