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The darker the night, the brigter the stars.
26 novembre 2015

LXXXVIII. Absence.

at_the_threshold_of_oblivion_by_dark_spider

Défi; écrire sur le thème de l'absence. (Continuité du texte LXXI)

Lettre 26; De la Comtesse de Ronseray au Marquis de Damas.

Cher Marquis,

Vous savez qu'il est d'usage que j'use de pudeur et de politesse, il m'est impossible de ne pas en user malgré toute l'affection que je peux vous porter. Je me dois d'être honnête; je suis effrayée. Effrayée par vous et votre ardeur en toute chose. Effrayée par vous et votre charme. Effrayée davantage encore par moi-même et ces sentiments qui grandissent. Effrayée par le Duc de Carnay. Non pas que ce soit un homme dangereux, simplement, je désire plus que tout ne point lui faire de mal. Il a toujours éprouvé de la tendresse pour moi et je ne puis décemment pas le maltraiter au point d'afficher notre relation au grand jour. Même si en réalité, je commence à penser qu'il a déjà tout remarqué. A chaque bal, vous m'invitez à danser avec la même candeur. Et j'accepte, ne pouvant décliner une telle offre. Combien de fois avons-nous danser désormais ? Combien de fois ai-je déjà frissonnée dans vos bras ? Combien de fois ai-je senti votre souffle contre ma peau ? Combien de fais ai-je apprécié ces valses ? Je ne parviens plus, je le crains, à supporter de telles émotions. Tout comme je ne parviens plus à supporter le fait que vous en êtes la cause. Je sais qu'en lisant ces lignes, vous souriez. Pourquoi suis-je en train d'écrire cette missive ? S'il s'agissait d'un jour comme tout autre, je vous aurais laissé sur ce questionnement, en espérant ainsi une réponse prompte et aimante. Pourtant, je vais moi-même vous en donner la cause, ne vous laissant ainsi pas la satisfaction de la deviner sous mon écriture. Votre absence me touche. Plus que tout, ne pas vous voir me plonge dans un profond désarroi, pour ne pas dire mélancolie. Voilà de nombreux jours désormais que vous êtes parti chez votre ami pour une raison que j'ignore. Et je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se trame pour que vous partiez ainsi, sans même oser me donner de nouvelles. Mon coeur se languit de vos lettres, de vos mots. Et mon corps se languit de vos mains tendres, de votre léger parfum. C'est ce même manque qui me fait avoir l'audace de vous écrire ainsi, employant des termes dont je n'oserais faire usage en public. Croyez-moi que j'aimerais tout autant que cette missive ne vous trouve pas et s'égare je ne sais où pour ne pas avoir à supporter votre regard la prochaine fois que nous nous verrons. Le Duc de Carnay m'a invitée à un nouveau bal demain et je ne sais que faire. Je n'ai point envie d'y aller, sachant que vous ne serez guère présent. Pourtant, j'ai grande crainte de ne pas accepter et que le Duc soupçonne ainsi que je vienne pas, faute de votre présence. Je devrais lui avouer qu'il ne trouvera jamais grâce à mes yeux. Auparavant, peut-être eut-il été possible que je me contente d'un mariage de raison avec un homme certes fort charmant mais pour lequel je n'éprouve rien. Dorénavant, je sais que je ne pourrais jamais plus raisonner de la sorte et bien entendu, je vous accuse de ce tort. Maintenant que j'ai connu tous les travers de l'amour, celui-ci est comme une drogue dont je ne puis guère me défaire, tout comme il l'est de votre présence. Les jours semblent si longs sans avoir de nouvelles, sans voir votre visage. Oserais-je vous avouer que j'ai croqué un portrait de vous dans l'éternelle attente de votre venue ? Je n'ai cessé de reprendre cette maigre esquisse qui me fend davantage le coeur que je ne pourrais le penser. Quand serez-vous de retour ? Cela fait déjà une semaine que j'attends. Chaque fois que vous me laissez, je ne fais que vivre pour le moment prochain où je pourrais vous revoir de nouveau. Je ne vis désormais que pour cette attente désespérée. N'avez-vous pas honte de me faire ainsi languir ? Feriez-vous exprès de me laisser sans missive, pour en apercevoir ma réaction ? Si tel est le cas, je ne vous en félicite pas. Toutefois, je n'en serais pas tant étonnée. Vous pouvez vous révélez aussi fourbe que tendre, peut-être sont-ce ces contradictions terribles de votre caractère qui m'ont toutes attirée ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Simplement que vous manquez terriblement à ma vue. Si vous ne revenez point maintenant, je vous en conjure, écrivez-moi au moins. Voyez comme le coeur de votre douce amie se révèle désespéré entre votre si longue absence.

Avec toute mon affection.

Du Château ..., Décembre 17**

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